Vous souvenez-vous du Rockrider ST 560 Milano, ce VTT de Décathlon qui a été restauré et « upgradé » dans le but de devenir un « super gravel », tel que Scott désigne un gravel sur base de VTT ? Eh bien, sur cette lancée et fort d’une expérience réussie en matière de restauration de vélo, on a décidé de lancer un nouveau projet. Il s’agira encore une fois d’un VTT, et encore une fois, il sera basé sur un modèle de Décathlon, le Rockrider ST 520.
Un peu de contexte
Lorsque le projet « Rockrider ST 560 Milano » avait été initié, l’idée était de trouver un cadre dit « CFG Pro » de Rockrider pour l’équiper de roues de 29″ et des composants issus d’un Rockrider 960. Et au final, on s’est retrouvé avec un vélo complet qu’il a fallu entièrement restaurer, comme on le racontait ici : On restaure entièrement un vélo : le cas du Rockrider ST 560 « Milano ».
On s’est donc retrouvé avec d’autres composants orphelins, et on s’est alors mis en tête de les réutiliser. Il fallait donc trouver un nouveau cadre, et on est tombé sur celui d’un Rockrider ST 520, qui a fini par s’avérer idéal pour cette opération. D’abord, la géométrie, proche de celle du RR 560, garantissait de pouvoir conserver la chaîne et donc également la cassette. Et puis, l’idée de réaliser un « upgrade » de ce VTT d’entrée de gamme de Décathlon avait de quoi séduire.
Le cadre déniché, en taille L, était en bon état esthétique, mais comportait quelques rayures bien visibles. Il n’en fallait pas plus pour décider d’une restauration de la peinture et d’en profiter pour lui offrir une nouvelle livrée unique, comme pour le Rockrider ST 560 Milano.
Les travaux de peinture
La première question que l’on s’est posé après avoir décidé d’une nouvelle peinture a naturellement porté sur la couleur. La réponse facile aurait été de reprendre un gris anthracite proche de la peinture d’origine, mais ce serait manquer une occasion de réaliser une livrée unique.
Néanmoins, le triangle avant du cadre était en excellent état, seul l’arrière nécessitait réellement un rafraîchissement. L’idée a alors germé de conserver un bout de la peinture d’origine et de réaliser une bi-coloration.
La seconde couleur était alors évidente : il fallait opter pour un bleu, de manière à rappeler les touches de cette couleur que présente la livrée standard.
On opte pour une peinture métallisée prévue pour le domaine automobile. Après avoir fait en sorte de conserver les inscriptions « Rockrider » et autres stickers déjà présents en les protégeant par une bande adhésive, de manière à conserver un minimum de l’authenticité de ce RR ST 520, on ponce légèrement le cadre, pour lisser au maximum les éclats de l’ancienne peinture. La nouvelle est alors appliquée en deux couches, et il suffit ensuite de retirer les adhésifs protecteurs pour retrouver les inscriptions d’origine sur la nouvelle livrée.
Le tout sera alors protégé par deux couches de vernis satin transparent bi-composants, y compris sur la partie avant qui a conservé sa teinte d’origine, pour assurer une solidité et une longévité dans le temps.
Pour terminer, on prend soin également de remettre l’étiquette du numéro de série, prouvant l’origine de ce vélo, sous le tube oblique. Lequel reçoit une protection adhésive transparente mate protéger la peinture des projections de pierres.
A la fin de l’opération, le cadre a été pesé à 2148g.
Le remontage
Après la restauration du cadre vient le moment du remontage. On commence par le guidon et la fourche d’origine, qui ne présentent pas ou peu de défaut esthétiques et sont donc réutilisés tels quels.
Les freins, des Tektro TKD32 siglés B’Twin, proviennent du Rockrider 560 avant sa transformation en « Milano ». Comme le vélo sur lequel ils étaient montés, il était dans un état esthétique passage, avec des rayures sur les leviers : ils ont donc subi une restauration. Les étriers conservent la couleur rouge coordonnée à leur VTT d’origine, mais qui tranche avec le bleu du RR ST 520 sans toutefois jurer.
La transmission du RR 560 prend également place, tel que cela était prévu. Les composants étaient également dans un état esthétique peu reluisant, et si les manettes ont été restaurées, le pédalier a été laissé tel quel : il a en effet été estimé que cela aurait fait prendre le risque de ne plus voir les inscriptions SRAM d’origine et de lui donner un air de pédalier alternatif qu’on ne souhaitait pas.
Le dérailleur arrière SRAM X5 présent initialement sur le RR 560 était endommagé et ne pouvait être récupéré. On en a donc déniché un autre exemplaire, issu lui aussi d’un Rockrider 560, sur un site de petites-annonces, avec la bonne surprise de le trouver en excellent état et fourni avec la patte de dérailleur. Et ça tombe bien, cette dernière était manquante sur le cadre du RR 520 et il fallait en trouver une.
Enfin, en ce qui concerne les roues… il n’y en a pas ! Ce projet avait été initié sans, en espérant réussir à en trouver le temps des travaux de restauration. Ce qui, malheureusement, n’est pas le cas.
On essaie de trouver des modèles de seconde main en bon état, et si possible, meilleures que les roues Aero Trail montée d’origine sur le Rockrider 520. Et en attendant, ce sont les roues utilisées sur le Rockrider 560 Milano, quand celui-ci avait encore une carrière de « super gravel » pour le vélotaf avant de redevenir un pur VTT et de faire le bonheur d’un nouveau propriétaire, qui prendront place. On fera ainsi les premiers roulages du RR 520 avec des jantes Mavic XM119 montées sur des moyeux Shimano M4050 (niveau Alivio).
Une fois le remontage effectué, le RR ST 520 Edition Spéciale passe sur la balance… et le chiffre qu’il affichera ne sera pas très flatteur. A 15,5kg, il dépasse déjà le chiffre constructeur, mais surtout, dans l’absolu, il affiche un embonpoint qui n’augure rien de bon côté performances.
Les premiers essais
La transmission réglée, la chaîne lubrifiée et les pneus gonflés, on s’empresse de réaliser les premiers essais, pour l’instant uniquement sur bitume avec quelques passages roulant en sous-bois. Les essais en tout-terrain viendront avec les nouvelles roues 27,5″… quand on les aura trouvées.
Et comme on s’y attendait, le poids se fait sévèrement sentir ! Les démarrages sont tout sauf dynamiques et il faudra insister sur les cuisses pour lancer ce vélo.
Pour autant, une fois lancé, on atteint une bonne vitesse de croisière, qu’on arrive à maintenir sans trop de difficulté. S’il a du mal à s’élancer, ce RR ST 520 reste agréable à utiliser, pour peu qu’on ne le sollicite pas trop à la relance.
Surtout qu’il affiche une étonnante stabilité et un confort de premier ordre qui étonne franchement venant d’un semi-rigide. La fourche peut sembler ferme, mais elle absorbe les petites régularités avec une efficacité redoutable. La réactivité de son amortissement est même surprenant, à ce niveau de gamme : on n’a pas l’impression de s’enfoncer sur le train avant, et on n’est pas du tout secoué sur les petits irrégularités du terrain. Même à haute vitesse, même avec ces roues non-originelles chaussées de pneus gravel fins, le vélo garde son cap et sa motricité.
Mais évidemment, lorsqu’il faut donner des coups de pédale pour reprendre de la vitesse, il s’avère pataud. Le poids n’aide pas, et les 2750g de la fourche font d’elle le principal responsable de ce comportement.
Cela se ressent aussi et surtout au moindre dénivelé ascendant rencontré sur le trajet : on a tout de suite l’impression de se traîner une enclume et le pédalage est largement plus difficile qu’avec un vélo plus léger.
Alors on se rappelle que le Rockrider 520, VTT d’entrée de gamme de Décathlon, n’a pas été conçu pour faire tomber les chronos. Sa vocation est de permettre un usage tout terrain de loisir sportif, et son but premier sera d’être robuste, de pouvoir répondre aux quelques sollicitations engagées mais pas trop d’un VTTiste occasionnel ou débutant, et d’offrir une prise en main facile avec un haut niveau de confort. Et là dessus, le contrat est rempli, ce vélo étant maniable, et à défaut d’avoir d’un comportement dynamique, il garde un peu de jouabilité uniquement retenue par son poids important, et ce, malgré un empattement long qui favorise davantage la stabilité.
La transmission SRAM X5 2x10v est bienvenue pour réhausser un peu les qualités de ce vélo. Le boîtier à roulements externes permet de gagner en rigidité au pédalage tout en réduisant le poids, ce qui permet d’optimiser un petit peu le rendement. Surtout, la réactivité de cette transmission, certes peut-être un peu superflue pour un usage loisir, reste un argument intéressant à terme, rendant le RR ST 520 Edition Spéciale plus agréable à manipuler que sa version « stock » dotée d’une transmission SRAM X4 ou Microshift à 3×8 vitesses.
Cette transmission de milieu de gamme du fabricant américain ne présente pas de mauvaise surprise, et reste largement précise et réactive pour une utilisation qui peut aller de la balade tranquille à des sorties un peu engagées.
Enfin, les freins Tektro TKD32, hydrauliques, sont tout juste efficaces. On regrette néanmoins leur manque de mordant par rapport à n’importe quel modèle de Shimano fonctionnant à l’huile minérale, même l’entrée de gamme MT200, sans que ça ne remette non plus en question leurs aptitudes sur le terrain. Ils restent malgré tout meilleurs que les freins mécaniques dont sont normalement dotés les Rockrider ST 520, et apportent donc énormément à cet exemplaire particulier.
En conclusion
Avec ces travaux de restauration, le Rockrider ST 520 Edition Spéciale conserve les qualités de sa version de série, à savoir un très bon confort et une prise en main excellente le rendant idéal pour les VTTistes débutants ou occasionnels qui n’ont pas un budget faramineux mais souhaitent tout de même un vélo peu exigeant techniquement et suffisamment rassurant au guidon. Mais il en a également les défauts, et notamment ce poids important, qui entrave le dynamisme global et rend plus fastidieux le parcours des dénivelés positifs.
Ceci étant dit, la transmission SRAM X5 et les freins Tektro TKD32, de gamme supérieure à la monte d’origine, apportent un plus certain : le vélo devient plus agréable à l’usage et sa manipulation est instantanée. Sur ce plan, le gain par rapport aux spécifications d’origine est largement appréciable, tant la transmission SRAM X4 3x8v était peu réactive et manquait d’ergonomie, et tant les freins mécaniques étaient moins rassurant bien que suffisamment efficaces.
Sur cette Edition Spéciale, on trouve son braquet plus facilement, et on s’arrête plus sereinement, ce qui n’est pas du luxe.
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