-
0

Essai : le Riverside 500


La gamme Riverside de Décathlon symbolise depuis plus de 30 ans les vélos tout-chemins de l’enseigne nordiste. Aujourd’hui, elle est présente dans son catalogue dans un spectre très large, allant du cycliste occasionnel au pratiquant plus abouti et vise une certaine universalité. Mais pour autant, ce type de vélo a-t-il le potentiel pour répondre à tous les besoins ? Nous allons essayer d’obtenir des éléments de réponse avec l’essai du modèle situé au milieu de la gamme, dénommé 500.

Aux origines de Riverside

Le Riverside 500 dans sa variante vert d'eau
Le Riverside 500 dans sa variante vert d’eau

Le nom de Riverside évoque, chez les habitués des magasins Décathlon, l’idée d’un VTC qui essaierait d’avoir les qualités des VTT et ceux des vélos de route, en minimisant les inconvénients de chacun. Roues de 28″ à section étroite, robustesse et capacité à franchir les sentiers en font un bicycle meilleur que les premiers sur la route et meilleur que les seconds sur les pistes forestières, mais moins bon lorsqu’il s’agit de les comparer dans leurs spécialités respectives.

En somme, le Riverside doit être bon partout sans chercher à exceller nulle part : c’est la définition même du vélo polyvalent, et l’objectif est bien de se poser comme un modèle universel, capable de satisfaire un public très large de cyclistes.

En 2003, l’arrivée du modèle B’Twin qui a exactement ce même objectif donnera une orientation différente à la gamme Riverside : elle se transformera peu à peu en un ensemble de vélos destinés au cyclo-tourisme, en proposant des modèles équipés à cette fin (porte-bagage, garde-boue…) et lourds à l’extrême.

Apparue en 2017, l’actuelle gamme Riverside reprend le flambeau du vélo polyvalent à destination du grand public. Le cadre utilise des tubes d’une épaisseur relativement fine mais pas trop, ce qui inspire à la fois de la légèreté et de la robustesse. Son dessin permet un enjambement aisé et s’adresse à tous les genres : Décathlon l’annonce en effet mixte, ce qui renforce d’autant plus le côté universel de ce modèle.
Les pneus de 28″ à section étroite et adaptés aux terrains cassants affichent clairement son aptitude à la fois sur la route et les chemins.

On notera par ailleurs que le nom de Riverside est amené, à terme, à représenter l’ensemble des vélos de Décathlon destinés à un usage mixte entre route et chemin. Ainsi, une gamme Touring est déjà disponible depuis quelques mois, et s’adresse aux cyclo-touristes avec des modèles robustes et prévus pour accueillir divers bagages.
Plus récemment, c’est même un gravel en carbone qui est proposé, Riverside se tournant vers des cycliste plus engagés en reprenant les modèles Triban… mais c’est une autre histoire…

A la loupe

Le tube oblique ne porte plus le nom de B'Twin
Le tube oblique ne porte plus le nom de B’Twin mais celui de Riverside

Côté périphériques, Décathlon a fait des choix de compromis qui permettent d’en faire un vélo suffisamment efficace tout en contenant un prix serré. Le Riverside 500 se retrouve ainsi doté de roues à jantes double-paroi en marque blanche, d’un pédalier à axe carré pioché chez Prowheel, et surtout d’une transmission mono-plateau à 9 vitesses siglée B’Twin, mais conçue par Microshift.
Cette dernière est peut-être ce qui symbolise le plus la notion de « compromis » de ce VTC : les choix qui ont été effectués ont tout simplement été réalisés dans une recherche de polyvalence maximale dans les très faibles marges de manœuvre à ce niveau de tarif.
Ainsi, si le mono-plateau est souvent mis en avant comme un solution de simplicité appréciable, c’est aussi et surtout un excellent moyen de grappiller sur les coûts de fabrication en économisant deux pièces, deux étapes de montage, et une étape de réglage. Il fallait alors choisir les développements qui permettraient de répondre aux maximums des sollicitations pour des utilisateurs pas trop sportifs tout en garantissant un fonctionnement qui demeure efficace : le meilleur milieu trouvé par Décathlon sera donc le plateau de 36 dents avec une cassette 11-36.

Avec seulement 9 pignons, quelques craintes sont quand même à avoir sur l’étagement des vitesses et sur la polyvalence de cette transmission. En particulier, celui de 36 dents, combiné au plateau qui en comporte autant, laisse des interrogations sur les capacités de franchissement des cotes.

Depuis sa sortie, le cadre du Riverside 500 a bénéficié d’une mise à jour qui peut avoir son importance. En effet, il faut savoir qu’à sa sortie, il était possédait deux différences avec celui du modèle supérieur, numéroté 900 (ex-Riverside 700) : sa patte de dérailleur n’était pas remplaçable et était prévu pour un montage de freins V-Brake. Car, effectivement, même si des fixations IS sont présents sur la base arrière gauche, des tasseaux sont soudés sur les haubans et il n’y a pas de support de fixation pour des éventuelles durites.
En 2019, le modèle 500 troque son cadre pour celui de la version supérieure, et adopte donc une patte de dérailleur remplaçable et, surtout, s’équipe d’origine de freins à disques… ce qui justifie amplement une augmentation de 20€, portant son prix d’achat à 280€.

Sur le terrain

Le Riverside 500 est parfaitement à l’aise sur bitume

On donne les premiers coups de pédales, et on est immédiatement frappé par… le manque de nervosité évident au démarrage. Certes, le poids certes correcte mais pas assimilable à une plume, ainsi que cette souplesse qu’on ressent dans les roues n’aident pas spécialement. Mais on se rappelle que le dynamisme n’est pas dans le cahier des charges de ce vélo, comme en attestent les bases longues, mesurées à 450mm.

En revanche, ces dernières assurent une stabilité et un confort remarquables, auxquels participe également la fourche Suntour NCX à 63mm de débattement. Les petites aspérités du trajet sont bien filtrées, et le Riverside affronte très bien les trottoirs et autres ornières sur la route.
Il s’accommode aussi sans problème aux chemins cabossés dans les bois ou les parcs, et pourrait faire figure de VTT… du moins, tant qu’on ne le pousse pas trop dans ses retranchements. Car, de tout terrain, il n’en a ni la définition ni l’usage : ses pneus, trop fins, sont incapables de parcourir des singles tracks de manière efficace, tandis que l’ensemble montre clairement qu’il n’est pas capable d’encaisser des bosses de manière répétée.

Qu’importe, car le Riverside 500 ne s’adresse nullement à des VTTistes engagés. Il se destine davantage à des cyclistes qui souhaitent un vélo pour se déplacer ou pour se promener avec une certaine efficacité, sans avoir à se retreindre sur le choix du terrain.
Car il faut aussi reconnaître que ce vélo de Décathlon ne manque pas de qualités quand on n’est pas exigeant : outre le confort et la stabilité de premier ordre, il est facile à prendre en main, plutôt maniable, et assez léger (près de 14kg pédales comprises). Si le manque de rigidité et de rendement se fait sentir au démarrage et à la relance, ce vélo, une fois lancé, tient bien la vitesse, ce qui est idéal sur la route.

Bien sûr, il n’est pas parfait : on sent qu’il y a une énorme marge de progression sur le rendement, avec des roues un peu trop souples et un pédalier qui semble consommer l’énergie qu’on lui envoie. Il assure le strict minimum pour se poser comme un compagnon de route et d’aventure quand on n’a pas besoin de franchir des grosses cotes ou d’aller vite.

En conclusion

Le Riverside 500 peut aussi être un bon moyen de transport
Le Riverside 500 peut aussi être un bon moyen de transport

Au final, ce Riverside 500 n’est pas inintéressant, loin de là. Pour un prix particulièrement faible, en dépit des augmentations post-covid, il rend bien des services et s’avère suffisamment polyvalent pour couvrir des usages assez larges… à condition toutefois de ne pas lui en demander trop.

Ainsi, il pourra être un excellent vélo de randonnée pour les sorties « du dimanche » au bord des fleuves, dans les parcs, ou sur les parcours forestiers peu cabossés. Il répondra également présent pour un usage urbain de faible longueur (moins de 5 à 10km), en déplacement ou en vélotaf, et n’aura pas peur d’affronter des chemins de travers.

Mais dans un usage plus régulier et/ou plus long, il affichera très vite ses limites. Son manque de rendement peut être un frein lorsqu’on cherche à effectuer des sorties sportives ou des déplacements dépassant les 10km, en particulier s’il y a des côtes ou des portions accidentées à affronter. Les montées, d’ailleurs, risquent d’être délicates à appréhender, avec seulement 36 dents pour le plus grand pignon, même si ce Riverside 500 a su se montrer étonnant par moment sur ce plan. En d’autres termes, il pourra peut-être grimper des cotes raides de temps en temps, mais il aura ses limites.

On ne pourrait que trop recommander de vous intéresser au modèle supérieur, le Riverside 700 (ex-Riverside 900), qui, pour à peine 140€ de plus au catalogue, offre des roues plus rigides et un pignon de 40 dents en plus. C’est un budget à considérer, mais l’investissement en vaut la peine tant on y gagne en terme de performances et d’efficacité.

Que peut-on améliorer dessus ?

Un exemple d'upgrade sur un Riverside 500
Un exemple d’upgrade sur un Riverside 500

Le principal défaut du Riverside 500 se situe dans les roues, trop souples, et la transmission, pas assez polyvalente. S’il faut investir dans une amélioration, c’est sur ces deux points qu’il faut mettre l’accent… ce que fait d’ailleurs le modèle 700.

Si vous possédez déjà un Riverside 500 ou que vous comptez en prendre un pour le customiser ultérieurement, on vous conseille de remplacer les deux roues par un modèle à jantes de marque, type Mavic ou DT Swiss.

La transmission n’est pas prioritaire si vos parcours ne présentent pas de gros dénivelés positifs. Toutefois, le pédalier et son boîtier à axe carré forment une potentielle amélioration notable : optez pour un modèle de pédalier avec boîtier à roulements externes, comme le Shimano Deore FC-M4100 ou le SRAM Nx. Le gain en rigidité et en poids sera alors sensible et bienvenu.

Le reste de la transmission peut attendre, mais il peut aussi influencer les choix que vous ferez sur les roues et le pédalier. Ainsi, gardez en tête que si vous comptez opter un jour pour une transmission à 12 vitesses, il faudra une roue arrière spécifique car le format de la cassette est différent de celui des modèles 8 à 11 vitesses.
De même, si vous optez pour une transmission à 10 vitesses ou plus, vous bénéficierez de pignons plus grands, ce qui vous permettrait aussi d’envisager le choix d’un plateau plus grand (38 voire 40 dents) de manière à augmenter les vitesses que vous pourrez atteindre.

Nous suggérons donc d’envisager ces modifications selon vos priorités et votre budget :

  • si vous souhaitez une transmission 12 vitesses et que vous avez le budget, faites toutes modifications d’un coup. Optez alors pour une cassette 10-50 de Shimano ou SRAM, et accompagnez-la d’un plateau de 40 dents, ou de 38 si vous avez des côtes assez fortes à parcourir
  • si vous n’avez pas le budget pour tout changer d’un coup mais que vous pouvez vous contenter de 11 vitesses ou moins et que vous aimeriez quand même avoir un vélo qui réponde au quart de tour, commencez par les roues, puis le pédalier, et enfin la transmission
  • si vous n’avez pas le budget pour tout changer d’un coup, et que vous n’êtes pas encore amené à parcourir des distances longues régulièrement, commencez par le pédalier (c’est l’élément le moins cher), puis les roues et enfin la transmission

Enfin, les freins mécaniques de souffrent pas trop de problèmes, mais le passage à des freins hydrauliques apporterait un confort d’utilisation très appréciable.