[phpBB Debug] PHP Notice: in file [ROOT]/viewtopic.php on line 1982: compact(): Undefined variable: permanently_banned_users
[phpBB Debug] PHP Notice: in file [ROOT]/viewtopic.php on line 1982: compact(): Undefined variable: can_receive_pm_list
B'Twin Us •On restaure entièrement un vélo : le cas du Rockrider ST 560 "Milano"
Page 1 sur 1

On restaure entièrement un vélo : le cas du Rockrider ST 560 "Milano"

Posté : ven. 24 févr. 2023 19:47
par

Chez Vélo Sensei, on aime prendre soin des vélos, c'est un fait. Mais parfois, on le fait dans la définition la plus complète, jusqu'à en restaurer entièrement un. Dans l'article d'aujourd'hui, on vous raconte l'histoire du Rockrider ST 560 "Milano".





Mais qu'est-ce qui nous a pris ?





Du 560 au ST560 Milano




Les longs récits commencent parfois par des faits parfaitement anodins, et celui-ci est dans cette lignée. Après avoir tenté de transformer un Big Rockrider 5.3 en vélo véloce taillé pour la route mais apte aux sentiers, et après avoir été fortement déçu par le résultat, on a décidé de ne pas rester sur cet échec, et c'est comme ça que tout est parti.





On s'est donc mis en tête de réaliser exactement la même opération mais en utilisant une base plus performante. Il fallait un modèle dynamique sur le papier et capable de recevoir les roues de 29" dotés de pneus Schwalbe G-One Allround déjà à disposition, sans qu'il ne s'agisse non plus d'un haut de gamme, car l'idée est aussi de tenter de transformer un VTT non-prévu pour la vitesse en bête de course.
Et quand on pense à la gamme Rockrider, le modèle qui répond le mieux à cette exigence est le 560, ou son successeur, le ST 900... sauf qu'il s'agit d'un modèle 27,5", là où on parle d'utiliser des roues de 29". Logiquement, on devrait privilégier la gamme supérieure, avec un XC 100 ou un XC 500 prévu pour les grandes roues. Mais d'une part, cela n'entrait plus dans le cadre du projet, qui se base sur l'emploi d'une base de milieu de gamme, et d'autre part, la théorie voudrait que l'utilisation de pneus de faible section en 29" fonctionne sur un cadre 27,5". On va revenir plus en détail sur ce point.





On valide donc le choix du Rockrider 560 ou ST900, mais on n'a pas un budget illimité pour une simple expérience dont on ne sait pas encore si elle sera concluante, surtout après l'échec du Big RR 5.3. Il était alors exclu d'utiliser un modèle neuf, vendu quand même 660€ chez Décathlon, d'autant plus qu'il s'agit d'un produit qui n'est plus proposé en magasin aujourd'hui.
C'est vers le marché de l'occasion qu'on va se trouver, et une simple recherche sur LeBonCoin va nous proposer ce Rockrider 560 ici présent, annoncé comme étant à réparer ou vendu pour pièces.





Et cela fait tilt : c'est la solution idéale ! Car le plan initial consistait à refaire sur un Rockrider 560 ce qu'on a déjà fait sur le Big RR 5.3 ; donc on va récupérer les éléments du second pour les installer sur le premier. Si on pouvait obtenir à bas prix un exemplaire dont les périphériques sont endommagés mais dont le cadre est sain, ce serait parfait.
De plus, comme on aimerait quand même avoir un vélo à l'apparence impeccable et que celui de cette annonce est indiqué comme rayé, la décision fut prise de le restaurer entièrement. C'est ainsi que le projet "Milano" a vu le jour.





Le modèle à la base du projet





Le Rockrider 560 qui va servir de base au projet "Milano"




L'annonce pour ce Rockrider 560 semblait intéressante. Selon le vendeur, il n'aurait besoin que de quelques réparations pour pouvoir reprendre le chemin des bois.





Plus précisément, il disait la chose suivante (sic) :





Les points à revoir dessus :
• La roue avant est voilé
• Le dérailleur ne passe pas les vitesses correctement
• Le frein arrière ne fonctionne plus (frein hydraulique) mais disque et plaquette en très bon état
• Le pneu arrière est lisse
• Le cadre est rayé





Les photos montraient effectivement un pneu à plat et un dérailleur arrière en berne, tandis que les rayures du cadre n'étaient ni cachées ni exagérées. Mais une fois face au vélo, on se rend compte qu'il y a à la fois des parts de vérité dans ce qui était mentionné, mais aussi des minimisations, certainement involontaires.
Le cadre avait bel et bien un sacré vécu. Il présente des éraflures sur tous les tubes, excepté celui qui accueille la tige de selle. Mais ce n'est pas le seul élément à avoir souffert : le pédalier a clairement subi quelques frottements, tandis que les leviers de frein et les manettes de vitesse étaient loin de présenter une condition esthétique parfaite. On voyait clairement que ce vélo n'a pas bénéficié d'un soin particulier et que, ayant été mis entre les mains d'un jeune garçon, il avait servi beaucoup plus comme moyen de déplacement et comme outil de fun que comme VTT de randonnée sportive... ce que l'ancien propriétaire lui-même me confirmera.





On espérait quand même qu'il puisse rouler, si on regonflait le pneu arrière et si on réglait le dérailleur arrière. Las, on va se rendre compte que la description surestimait la situation sur ces deux points : d'abord, le pneu n'était pas seulement lisse, il était usé jusqu'à la structure sur une partie. Clairement,il s'agissait d'un signe que le frein arrière a bien plus servi que l'avant, notamment pour déraper. Impossible donc de réparer la chambre à air et de la gonfler.
Ensuite, et là, c'est un peu plus grave, le dérailleur arrière était effectivement dans une situation où il ne pouvait plus passer les vitesses... mais parce qu'il était cassé ! Il en manquait en fait un bout au niveau de la vis de réglage de tension, ce qui le rendait impossible à fixer correctement au cadre.





La roue avant était effectivement voilée, mais les pneus ne touchaient pas les fourreaux de la fourche, et elle ne semblait pas poser de problème. Le frein arrière ne fonctionnait pas, conformément à la description de l'annonce : son levier arrivait en butée des grips sans actionner les plaquettes.





Au final, ce vélo n'était pas du tout roulant. Sans pneu arrière et sans dérailleur côté cassette, et même si le frein avant aurait pu permettre un arrêt correct, il était impossible de l'utiliser en l'état.
Mais le cadre ne présentait ni enfoncement ni fissure, tandis que la patte de dérailleur était intacte. Il s'agissait des éléments essentiels au projet, donc tant qu'ils étaient récupérables, ce vélo avait encore un intérêt. Surtout que la fourche semblait fonctionnelle, bien qu'en mauvais état esthétique.
La transaction trouve donc un accord et on repart avec ce RR 560, sans réellement se soucier du potentiel de récupération des pièces. Néanmoins, à l'exception du dérailleur cassé, il paraissait bien possible de les réutiliser.





L'étape intermédiaire : la remise en état dans les spécifications d'origine









Le Rockrider 560 maintenant en notre possession, il semblait intéressant de le tester d'abord dans son état d'origine, d'autant qu'il semblait à première vue récupérable. Le premier objectif sera donc simplement de le remettre en état de rouler.
Pour ce faire, il est décidé de piocher quelques éléments d'un Rockrider 960, qui seraient eux-mêmes remplacés par des pièces d'upgrade neufs. Ainsi, on récupère un pneu Hutchinson Cobra, le Combo Lock et les poignées, ce qui donne l'occasion de passer le 960 au tubeless, d'y adopter un Pop Loc de Rockshox et de l'équiper de grips B'Twin Confort 920 plus récents.
Sur le 560, on passe le pneu avant (qui était monté à l'envers, d'ailleurs...) à l'arrière, car, bien que quelque peu usé, il demeure encore utilisable. On en profite pour dévoiler la roue arrière : l'opération n'est pas compliquée, le voile est plutôt léger.





Ensuite, on s'occupe du dévoilage de la roue avant.... et là, ce n'est plus la même histoire ! Car on se rend compte qu'elle n'avait pas subi qu'un petit voilage, elle était en fait complètement tordue ! On ne saura pas ce qui s'est réellement passé, mais de toute évidence, elle a été pliée et la clé à rayons ne suffira pas à la rattraper.
Ce n'est donc pas à une petite opération qu'on va avoir affaire. L'idéal aurait été de remplacer purement et simplement la jante, mais cela alourdirait le budget et irait à l'encontre de l'idée d'une simple remise en état. On décide donc de tenter un redressage.
Pour cela, on va devoir dans un premier temps déposer totalement la jante, en enlevant tous les rayons. On note au passage que l'ensemble des écrous étaient corrodés, ce qui, à en juger également par la présence de rouille sur la transmission et les plongeurs de la fourche, laisse penser que ce vélo a passé quelques nuits à la belle étoile. On les trempe donc dans un bain de WD-40 le temps de l'opération.





Une fois la jante déposée, on rattrape le pliage à l'aide d'un maillet en caoutchouc : pour cela, on la pose à plat sur une planche de bois et on tape délicatement sur les parties tordues, non sans chauffer le métal au préalable au décapeur thermique pour faciliter la prise de forme d'une part et pour éviter de trop contraindre l'aluminium d'autre part.
On ne cherchera pas à avoir une jante totalement droite, mais seulement d'obtenir un résultat assez redressé : s'il reste un léger voile, il sera corrigé au rayonnage.
Une fois le rattrapage réalisé, on remet en place les rayons : en jouant sur les tensions de chacun des 28 constituant la roue, on parvient à un résultat parfait et la roue est à nouveau opérationnelle et prête à recevoir un pneu Hutchinson Cobra issu du RR 960.





On ne touche pas à la fourche, pour le moment : il est bien prévu de la réviser, mais comme cette première étape consistait surtout à refaire rouler le vélo et parce qu'elle fonctionnait bien, on fait au plus simple et on l'utilise telle qu'elle est.
Elle semble assurer son rôle d'amortisseur, tandis que le blocage du ressort fonctionne. On procèdera à une purge, mais on le fera ultérieurement.





Côté transmission, dans la mesure où le dérailleur arrière SRAM X5 d'origine ne pouvait plus être utilisé, on installe un modèle SRAM X7 10 vitesses qui était en stock (il était issu d'un Nakamura Complite Carbon Ltd). La chaîne et la cassette étaient oxydées et on se contentera d'un nettoyage au WD40 avant une lubrification. Toutefois, un maillon était tordu, et il a simplement été redressée.
Le dérailleur avant ne souffre pas de problème, hormis la présence de très légères traces d'oxydation, tandis que le pédalier présente surtout des rayures superficielles. La partie avant de la transmission n'ont donc nul besoin d'être retravaillée.





En ce qui concerne les manettes, les leviers de tirage étaient fortement usés, la peinture ayant été frottée jusqu'au métal sur la partie passe. On réalise donc pour une restauration esthétique à l'aide d'une peinture noire brillante et d'un peu de ponçage.





Les leviers de frein souffrent des mêmes maux et de la même usure, mais ils présentent en plus des rayures qui sont autant de signes manifestes du peu de soin accordé à ce Rockrider 560. En revanche, ils sont en bon état fonctionnel, à l'exception du fait que le frein droit n'actionnait plus l'étrier arrière : à première vue, il ne s'agirait que d'un problème de manque de liquide, puisque ni le levier, ni l'étrier, ni la durite ne paraissent endommagés.
Dans un premier temps, on commence par restaurer l'aspect esthétique des leviers, avec une peinture noire brillante. Et une fois cela effectué, on poursuit sur une purge du frein arrière pour le rendre à nouveau opérationnel. On en profite pour remercier Tektro d'avoir eu l'idée lumineuse d'utiliser de l'huile minérale pour le circuit hydraulique : cela rend la purge beaucoup plus simple à réaliser et à réussir que s'il s'était agit de DOT comme chez SRAM.









Il ne restait alors plus qu'à gonfler les pneus et régler les dérailleurs... sans oublier de changer la selle et la tige de selle qui n'étaient absolument pas d'origine : on n'a pas d'information à ce sujet, mais visiblement, ils semblent provenir d'un Rockrider 520. Le chariot du modèle récupéré était endommagé et ne maintenait plus le rail de la selle, d'autant que la vis était fortement abimée. Cette tige sera remise en état pour être utilisée sur un autre vélo, mais sur ce RR 560, on récupère un modèle B'Twin qu'on avait en stock et qui correspond davantage à celui monté de base par la marque.





On obtient alors un Rockrider 560 presque d'origine (seul le dérailleur arrière entraîne une différence sur la fiche technique) dont on va pouvoir réaliser un premier essai, que vous pourrez retrouver ici. Ce sera aussi l'occasion de vérifier le potentiel de ce vélo.





Le Rockrider 560 (de seconde main)




La cible : le Rockrider ST 560 "Milano"





Après avoir constaté le comportement plutôt joueur et dynamique du Rockrider 560 ainsi que son état très satisfaisant à l'usage, il est temps de passer à l'atelier de restauration. L'objectif sera de redonner un aspect esthétique irréprochable à ce vélo qui, en l'état actuel des choses, montre très clairement tout son vécu.





La première étape consistera à rendre sa beauté au cadre. La peinture était rayée partout, et il sera très difficile de la garder ainsi : on fait donc le choix radical d'une peinture complète. C'est une excellente occasion de changer complètement de livrée, ce qui donne l'opportunité de réfléchir à une nouvelle apparence qui serait propre à cet exemplaire de Rockrider 560.
C'est ainsi qu'on prend la décision de lui donner un style qui rendrait hommage à un constructeur automobile italien basé à Milan. Bon, la vérité est qu'au moment où on a fait l'inventaire des peintures qu'on avait sous la main, il s'est avéré qu'il restait de la peinture rouge utilisée à l'origine sur une voiture de ce constructeur et qu'on a décidé de la réutiliser. Comme cette couleur est très typique de cette marque, on se dit qu'on tient là une excellente occasion de faire cet hommage.





Pour le coup, on va aller jusqu'à donnner un nouveau nom cet exemplaire unique. Il portera bien le numéro 560 d'origine, masi on va en profiter pour actualiser sa dénomination selon les principes que la marque va adopter queqlues années après la sortie en magasin de ce modèle.





Décathlon Rockrider, B'Twin Rockrider, Rockrider...





L'évolution de l'identité visuelle de Rockrider, ici sur un XC 100 au fond et un EXPL 540 devant




La dénomination des VTT de Décathlon n'a pas toujours été une évidence. On ne peut pas nier que la gamme Rockrider a connu plusieurs crises d'identité, tant dans la dénomination de la marque que dans celle de son propre catalogue. Les VTT avaient ainsi été créés sous bannière Décathlon Cycles et modèles Rockrider, avant que la marque ne se renomme "B'Twin" en gardant le nom "Rockrider" pour les modèles, avant de remettre le nom de "Rockrider" en avant sans enterrer le nom de la marque "B'Twin" resté en filigrane, puis de se segmenter selon les pratiques cycliste et de devenir la marque Rockrider d'aujourd'hui.





Compliqué ? Eh bien, le nom des modèles de VTT ne va pas arranger les choses. Initialement, un VTT de Décathon était nommé Rockrider suivi d'un numéro à trois chiffres : le premier représentait le niveau de pratique, le second, la position dans la gamme, et le dernier était toujours un zéro. Puis, à la fin des années 90, il y a eu une tentative de remplacer le nom "Rockrider" par "M Series" pour "Mountain Series", et d'utiliser une lettre indiquant le niveau de pratique, comme "T" pour "Trekking" ou "S" pour "Sport". Cela apportait une confusion à laquelle la clientèle sera réfractaire, ce qui va pousser à un retour du nom "Rockrider" et l'introduction d'une numérotation à deux chiffres séparés d'un point, avec toujours le premier pour indiquer le niveau de pratique et le second pour la position dans la gamme.
En 2014, la marque, devenue B'Twin, revient sur le principe des trois chiffres, s'alignant de fait sur les dénominations de l'ensemble des produits de Décathlon. Avant de segmenter sa gamme selon les pratiques, et de compléter les numéros par deux lettres.
On pourrait revenir très longuement sur l'histoire de la marque et de la dénomination de ses modèles, mais cela ferait un article très (trop ?) complet, surtout qu'il faudrait qu'on parle aussi des Rafal, alors on y reviendra peut-être plus tard…





On va juste retenir que le principe des trois chiffres dans la gamme VTT consiste en un premier numéro pour indiquer le niveau de pratique et de gamme : 1 pour l'occasionnel, 5 pour le sport régulier, 9 pour le la pratique intensive et/ou la compétition. Puis, le second chiffre indique la position dans la gamme : plus il est élevé, meilleur est l'équipement qui le constitue. Enfin, le troisième est un zéro pour compléter.
Le Rockrider 560 suit cette logique en étant un VTT destiné à un usage régulier à destination des sportifs non-compétiteurs qui n'iront pas forcément chercher à titiller le chronomètre. Le second chiffre, le plus élevé de la gamme 500, au dessus des Rockrider 520 et 540, le place tout en haut de sa catégorie au sein du catalogue lillois.





Plus tard, B'Twin reprendra le nom de Rockrider en tant que marque, aux côtés de Van Rysel pour la route, Riverside pour les VTC ou Elops pour la ville, et procède, en 2018, à un changement dans la dénomination de ses gammes : la numérotation à trois chiffres demeure, mais elle est précédée de deux lettres qui indiqueront la discipline à laquelle le modèle se destine.
Le VTT a cette particularité de pouvoir lui-même se décliner en plusieurs catégories qui ne sont pas nécessairement meilleures dans l'absolu que les autres, et Rockrider va se positionner sur 3 d'entre elles : deux pour les pratiques engagées que sont le Cross-Country et le All-Mountain, et une pour désigner plus globalement les pratiques moins soutenues et plus loisir. Elle les dénomme respectivement les gammes XC, AM et ST (Sport Trail).
Dans la gamme ST, les Rockrider 520 et 540 sont tout simplement renommés ST 520 et ST 540. Le Rockrider 560 sera, lui, remplacé par le ST 900 en adoptant une nouvelle transmission… mais il existera également une édition spéciale ST 560 LTD qui proposera l'ancienne mécanique dans une livrée actualisée.





Dans le cas de ce projet, on décide de conserver le numéro 560, qui apparaît sur l'étiquette du numéro de série, sous le cadre. On le fait précéder de la mention "ST" pour "Sport Trail".
Mais pour marquer son caractère unique, on ajoute un suffixe qui fait référence au constructeur automobile auquel on rend hommage. Ce Rockrider 560 s'appellera donc Rockrider ST560 Milano.





Top départ des travaux





On démarre alors l'opération esthétique du cadre en commençant par enlever l'ancienne peinture. Si on avait voulu faire les choses simplement, avec le meilleur résultat dans le temps le plus court, la solution la plus logique aurait été de la décaper. Mais à la place, on prend la décision de la poncer.
Cela peut sembler incongru, mais il ne s'agit pas d'une lubie irréfléchie : l'idée est en fait de tenter de garder l'apprêt d'origine pour maximiser les chances d'obtenir un résultat durable. En effet, chez Rockrider comme chez tous les constructeurs, les peintures sont de bonne qualité, relativement solide, et surtout, elles accrochent bien sur le cadre. En conservant l'apprêt d'origine posé en usine, on espère tout simplement conserver cette excellent accroche grâce.
Evidemment, le cadre, abimé, présente déjà des endroits où l'aluminium est apparent. En outre, il arrivera qu'on soit amené à trop poncer accidentellement, jusqu'à laisser le métal apparaître. Pour ces deux situations, on fera un rattrapage d'apprêt.





Mais avant cela, on décide de garder certains des éléments de décoration du cadre d'origine, notamment l'indication de la taille sur le tube supérieur et les deux inscriptions sur le tube de selle, au dessus du dérailleur, et notamment le "Mind the gap" humoristique. En conséquence, il est nécessaire de préparer le cadre avant le ponçage.
Pour cela, on masque les parties concernées par une bande de masquage, et on fait de même sur l'étiquette du numéro de série et autres indications de conformité aux normes, histoire de garder un peu d'authenticité à ce vélo.
C'est à ce moment-là qu'on poncera, en prenant soin de ne pas abîmer les bandes de masquage, et qu'on appliquera l'apprêt.





Dans cette nouvelle livrée, on va en fait utiliser deux couleurs : une seule nous paraissait un peu fade... ce qui est, bien sûr, un pur avis personnel. L'arrière des bases et des haubans sera donc teinté de noir, et c'est par cette partie que commence l'opération de peinture.
Ensuite, on utilise une bande de masquage pour marquer la délimitation entre les deux couleurs, et on utilise le fameux rouge "Milano" pour le reste du cadre.









Au total, on appliquera deux couches de chaque couleur. Après cette opération, on retire toutes les bandes de masquage, laissant apparaître la jonction entre les deux couleurs ainsi que les différents éléments de la décoration originelle qu'on a conservés.
On protège le tout par deux couches de vernis. A cette fin, on opte pour un produit bi-composants laissant espérer un résultat proche d'une peinture d'usine : ce type de produit, aussi appelé "vernis 2K", contient un durcisseur qui le rend plus solide, résistant aux UV, et capable de supporter des produits chimiques.
On obtient alors un cadre fraîchement repeint, qui a une allure de sortie d'usine très appréciable.





En parallèle, on s'occupe également de la fourche, qui a souffert de l'utilisation intensive de ce RR 560. On la démonte donc entièrement pour lui donner un coup de neuf, et on en profite pour réaliser une grosse opération d'entretien incluant une purge de l'amortisseur, un nettoyage complet et un regraissage du ressort hélicoïdal. Elle en avait bien besoin, l'huile était fortement usée.
Les stickers du fourreau sont retirés avant que celui-ci ne reçoive une peinture noire satinée, qui sera également appliquée en partie sur le té, entre le pivot et les plongeurs.





La fourche Rockshox 30 Silver bénéficie d'une opération d'entretien avec purge de l'amortisseur, et on en profite pour repeindre des fourreaux




Une fois la fourche remontée, on revient sur le cadre, sur lequel on doit terminer la déco. Cela commence par la pose d'autocollants Rockrider sur le tube oblique. Mais surtout, cerise sur le gâteau, on poursuit en appliquant le nom du modèle, "ST 560 Milano", sur le tube supérieur, grâce à un autocollant sur mesure réalisé par Lettrage Adhésif 26. Le choix est fait, ici, d'utiliser une police d'écriture issue de la famille typographique des linéales, au sein de laquelle on retrouve les styles sans empattement : c'est un choix que font beaucoup de marques pour typographier leur nom, y compris celles de Décathlon, dans le but d'épurer leur écriture et, surtout, de se rapprocher des codes du luxe.
On ne fait néanmoins pas le choix d'une linéale pour le nom de "Rockrider" sur le tube oblique, contrairement aux derniers modèles lillois sortis, et on utilise plutôt la sérigraphie précédente, qui nous semblait lisible, claire, et, surtout, unique. D'un avis subjectif, d'ailleurs, on trouve très dommage que Rockrider ait cédé à la mode des linéales, qui, même si elle apporte un style très épuré proche des codes du luxe, ne laisse plus de place à la singularité et ôte un élément identitaire très fort.





Pour la suite, on associe le nom de modèle avec un Biscione, ce symbole typiquement milanais représentant un serpent, clin d'oeil à la marque italienne à laquelle cette livrée fait référence. Et on complète également la déco avec un trèfle à 4 feuilles vert posé sur le tube de selle, également en référence au constructeur italien.
Evidemment, on n'oublie pas le logo B'Twin sur le tube de direction : même si cette marque a été abandonnée par Décathlon, on cherchait un logotype à apposer à l'avant du vélo et on n'aimait pas trop l'idée d'utiliser le logo générique des produits Décathlon. En revanche, on aimait vraiment celui de B'Twin, simple et visible.
Le triangle arrière, par contre, ne reçoit aucune inscription, dans une recherche de sobriété. Seules deux inscriptions "Rockrider" apparaissent sur l'intérieur des haubans.









Au final, une fois la nouvelle peinture posée et protégée par le vernis, le cadre affiche 1869g sur la balance, contre 1855 avant la restauration.





Le montage : une fiche technique légèrement upgradée









Une fois le cadre et la fourche restaurés, le vélo est prêt à être remonté. Comme on le disait au début de l'article, ce projet "Milano" devait servir à constituer un VTT qui serait également apte à rouler sur l'asphalte. Mais on souhaite dans un premier temps l'utiliser en tant que VTT, ce qui explique l'utilisation de la Rockshox 30 Silver, d'ailleurs.
Néanmoins, l'opération à terme va impliquer un upgrade de la transmission. Comme cela ne va pas influer sur les performances dynamiques de l'ensemble, et pour éviter un montage-démontage qui va nécessiter des réglages, on décide de monter directement la mécanique cible.





Ainsi, le groupe SRAM X5 2x10 vitesses laisse place à un mono-plateau 1x11 vitesses SRAM Gx, en provenance direct de ce même Rockrider 960 qui avait déjà offert des poignées, un pneu et un Combo Lock. Le plateau est toutefois doté de 38 dents, au lieu de 34 originellement, dans le cadre du projet "Milano".
Cette transmission est déjà bien connue pour sa fiabilité et sa douceur de fonctionnement, et elle permettra également un gain de poids non-négligeable grâce à l'absence du dérailleur avant et de la manette gauche, ainsi qu'au plateau en moins.





Les freins Tektro TRD32 sont reconduits, ainsi que les disques d'origine, tout comme le cintre et le guidon.





Pour terminer, on fait place à une petite fantaisie pas vraiment prévue. Car il se trouve qu'en retirant le jeu de direction en prévision de la nouvelle peinture, un petit incident a fait déboîter le roulement de la cuvette inférieure, laissant s'échapper les billes. Et l'une d'elle a malencontreusement été perdue.
On fait donc le choix radical de l'acquisition d'un jeu de direction neuf, et tant qu'à commander une nouvelle pièce, on en profite pour prendre une tige de selle neuve, car celle dont on dispose a le chariot légèrement abimé, ce qui ne rend pas impossible le maintien de la selle mais le complique un peu.
On fait le choix exotique de prendre des composants signés ZTTO, une marque chinoise disponible sur un site marchand : pour des pièces usinées peu techniques, on se dit qu'on peut tenter une petite excentricité. Cette dernière s'avèrera d'ailleurs bienvenue dans le cas du jeu de direction semi-intégré, qui propose des roulements scellés, ce qui n'était pas le cas du modèle d'origine.
On note également que la tige de selle est plus courte que celle montée par B'Twin, soit 350mm contre 400. Cela permet un léger gain de poids, et on passe à 321g, contre 367 auparavant.





Le résultat final





Le Rockrider ST 560 Milano, mode VTT




L'ensemble de ces travaux permet l'obtention d'un Rockrider ST 560 Milano unique en son genre, avec un crossover de marques inédit, mais totalement officieux. Le poids affiché sur la balance est de 12,5kg, soit à peine 300g de moins qu'à l'origine. On sait que la restauration de la peinture a fait prendre 14g au cadre, mais cela est très largement compensé par les 46g du changement de tige de selle. Donc, outre le jeu de direction ZTTO, d'un poids quasiment identique à l'originel, le seul changement de spécification pouvant entraîner une variation du poids est la transmission.





A 151g la manette gauche, dont le câble et la gaine, 143g le dérailleur avant, et une différence de 165g entre le pédalier SRAM X5 à 829g et le SRAM Gx à 664g, le passage au mono-plateau permet un gain de poids de 459g.
Il faudra alors prendre en compte le passage aux pédales automatiques Shimano M520 affichant 381g sur la balance, en lieu et place des modèles plats en résine à 288g, pour comprendre pourquoi le gain de poids sur le montage final n'est pas aussi impressionnant que la somme des composants de transmission avant rendus inutiles par le mono-plateau.
Mis bout à bout, la somme de toutes les différences de poids s'élève à une perte de 334g. Ce qui est cohérent avec les chiffres de pesée totale avant et après opération.





Sur le terrain, ce "nouveau" Rockrider ST560 Milano ne perd évidemment pas les qualités dynamiques déjà perçues lors du test avant restauration. On a toujours, et c'est logique, un VTT très confortable capable de faire preuve de dynamisme.
Et encore heureux ! Il ne fallait quand même pas qu'un simple relooking accompagné d'un upgrade de transmission se mette à dégrader le comportement initial de ce VTT !
On se délecte donc toujours autant de ce comportement nerveux mais mesuré, confortable mais efficace, grand public mais capable de plus.









La suite du projet va consister en un changement de roues, pour équiper ce VTT de pneus gravel, et d'une fourche rigide en carbone, pour un gain de poids conséquent. Mais tout cela fera l'objet d'un nouvel article.